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Le prix de l'engagement : ma perception du bénévolat

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    Ve Ch
  • il y a 1 jour
  • 3 min de lecture

Quand la générosité devient un rouage invisible, comment faire pour qu’elle reste un choix, pas une obligation ?

Dans les collectivités, les associations, les réseaux locaux (dans tous ces espaces où le "vivre ensemble" repose sur la bonne volonté) il y a toujours des personnes qui s’impliquent. Elles ne sont ni élues, ni salariées. Elles ne cherchent pas la lumière. Elles donnent leur temps, leur énergie, leur coeur. Parce qu'elles y croient. Parce qu'elles veulent que ça tienne, que ça circule.



Progressivement, leur engagement devient ... une évidence. Puis une attente. Puis une habitude.

Nombre d’engagements commencent sans qu’on les appelle ainsi : d'abord un petit coup de main, une réunion, un tract à relire, une info à partager. Et à un moment, sans y avoir réfléchi, sans plan de carrière citoyenne, on se retrouve à porter un pan entier de la vie collective. Parfois pour quelques semaines. Parfois pour des années.

On ne parle pas toujours forcément de "bénévolat". On parle d’élan, de dépannage, d’envie. Et c’est là que commence le glissement : ce qui était un plaisir ponctuel devient une fonction. Officieuse, mais tellement réelle ! Avec des attentes, des sollicitations, des relances. Le tout sans cadre, sans filet… et très vite, banalisé.

Parce que c’est fluide, parce que ça marche, on oublie que c’est fragile.

La personne toujours présente finit par incarner un service. Un rôle. Une fonction. Son temps devient disponible par défaut. On en vient à oublier qu’elle a aussi une vie, une famille, un métier, des limites. On en vient à oublier ... ou on fait semblant de croire que le temps donné par cette personne est extensible, que ce qu'elle offre à la communauté ne lui coûte rien ... et finalement, on considère que puisqu'elle est là, c'est que du temps : elle en a !

Dans certains secteurs, ce glissement va plus loin : le bénévolat devient une stratégie. On remplace un poste par un rôle. On habille un manque par un "engagement citoyen".

Appelons un chat un chat : tout à coup, ce n’est plus du bénévolat. C’est du travail gratuit. Chacun de nous connaît une Pauline, ou un Hervé, arrivé dans une association « pour donner un coup de main » un soir de réunion. Aucun de ces deux là n'imaginait encore finir, un an plus tard, à coordonner les plannings, gérer les mails, assurer les permanences ou même accueillir les nouveaux. Et s'ils en sont là un an plus tard, ce n'est pas par volonté de tout faire, mais parce que celà leur paraissait naturel. Parce qu'ils voulaient aider. Parce que sinon, personne ne le faisait. Et au bout d'un an ou plus, ils culpabilisent car ils voudraient tout arrêter. Plus par épuisement que par lassitude. Et surtout, à cause de cette impression qu’on ne voit plus le geste, mais seulement le fait que ça tourne : la fonction a progressivement invisibilisé la personne.

Nombre de bénévoles vivent cette situation sans oser l'avouer. Leur engagement est devenu un piège. Et pourtant ... le bénévolat est bel et bien un trésor. Il permet d’agir là où tout semble figé. Il répare, relie, soutient. Il fait surgir du commun dans un monde qui isole de plus en plus.

Mais il ne peut continuer à exister sainement que s’il reste ce qu'il est à l'origine : un choix, un plaisir, un espace de liberté.

Il ne peut être le pansement d’un système qui s’appuie trop sur lui. Il ne peut être la variable d’ajustement des politiques publiques. Il ne peut être un rouage invisible, qu’on active quand il manque quelque chose.

Le bénévolat a besoin d’écoute. De respect. De respiration. Pas de médailles, ni de statues, mais d’une conscience partagée.

Donner, ce n’est pas disparaître. Ce n’est pas non plus devoir toujours être là. Ceux qui s’engagent ne sont pas inépuisables. Ils ont simplement choisi, un temps, d’être utiles. Il faut les voir, les entendre, et ne pas les prendre pour acquis.

Il faut les respecter.

  • Dire merci, avec sincérité.

  • Partager les responsabilités, même si c’est moins efficace à court terme.

  • Créer des espaces de respiration, où l’on peut dire “stop” sans culpabilité.

  • Valoriser l’engagement sans en faire une vocation sacrificielle.


Et surtout, il faut cultiver les conditions qui donnent envie de s’engager. Créer des environnements où chacun peut contribuer à sa mesure. Faire place à la relève, à la souplesse, à la joie d’agir ensemble.

Parce que l’engagement, quand il est libre et vivant, ne s’épuise pas. Il se transmet. Et il transforme le monde, un geste après l’autre.

2 Comments

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PG
il y a 13 heures
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Tout ce que vous dites est vrai et est aussi le reflet de la société d’aujourd’hui.

Problème d’éducation, de savoir vivre, de dire bonjour, merci etc…

Si on ne dit rien on abuse de vous comme dans le monde du travail d’ailleurs. Vous êtes là pour faire, ce sont des malsaines habitudes dont on a du mal à pouvoir en sortir car dans tout ça il y a des gens pour qui vous voulez faire des choses. Mais les autres ceux qui tirent la couverture à eux sans en faire plus que la moyenne mais plutôt moins d’ailleurs vous agacent petit à petit … et vous font prendre la décision que vous avez prise « arrêter tout ». Et il ne fau…

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Ve Ch
Ve Ch
il y a 10 heures
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Bonjour PG, Merci infiniment d'avoir pris le temps de déposer votre message, si sincère, et pour ce partage d’expérience qui fait écho à de nombreux vécus. Vous soulevez des points très justes : ce manque de reconnaissance, ces automatismes où l’on attend sans remercier, où l’on exige sans mesurer… Cela use, petit à petit. Et en effet, ce que l’on donne avec cœur peut finir par peser. L'action n'empêche pas la réflexion. Et je crois que ce qui est essentiel, en toute chose, c'est de se sentir à sa place. Alors parfois, il faut savoir dire stop, pour se préserver, retrouver du sens … et pourquoi pas mieux recommencer plus tard, différemment. Le temps, l'expérience, aident à mûrir ces réflexions…

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