Upcycling : la vie secrète de la création.
- Veronique Chambeau
- 10 mai
- 2 min de lecture
Il y a quelques années, j'avais réalisé des tables, à partir de bois récupéré et de papier mâché. Chaque table avait sa propre personnalité, dictée par les planches que j’avais trouvées et l’histoire qu’elles portaient. Le papier mâché me permettait d’envelopper, d’unifier, de faire parler l'objet autrement que par sa seule fonction. À travers ces tables, je cherchais à faire dialoguer les matériaux : le bois comme point de départ, qu'on ne voit plus parce que le papier mâché, humble mais expressif, lui tient lieu de seconde peau. Mes réalisations étant toujours très particulières, leurs dimensions le sont également. Ainsi, j'avais besoin de pieds sur mesure. Parce que j'aime les associations de matériaux, j'avais pensé à " donner un coup de jeune " à mon travail patiné en y associant des pieds modernes. C'était en 2015. Ce n'est pas si vieux, et pourtant, c'était il y a un siècle : après quelques recherches sur le net, j'avais jeté mon dévolu sur Metal Brut , une entreprise normande. Metal Brut est installé dans un atelier artisanal situé en pleine campagne du pays de Caux. L'entreprise affectionne la décoration de type industriel en associant des matériaux tel que l’acier, le bois, le béton et le verre. Par téléphone, j'avais expliqué mon besoin puis pris rendez-vous pour passer commande. Sur place, j'avais été très impressionnée de découvrir cet immense hangar perdu dans la campagne. Sandra m'avait reçue très chaleureusement et nous avions échangé sur nos activité respectives, expliquant nos démarches, nos procédés, avant de mettre au point les détails de ma commande ... Je ne pensais plus à tout cela depuis bien longtemps et j'avais même oublié les tables en question ! Et puis ... Quelle jolie surprise de les redécouvrir aujourd'hui mises à l'honneur dans un article du blog Hairpinlegs.fr Regardez, ci-dessous, sur la rangée inférieure des photos. On devine même ma signature, sur la dernière photo.
Je reste émerveillée de voir comment une création, née de pas grand chose, peut traverser le temps et les frontières pour résonner ailleurs. Je trouve qu'il y a quelque chose d’étrangement rassurant à savoir que les objets continuent de vivre, même sans nous. Qu’ils se glissent dans d’autres histoires, touchent d’autres regards, prolongent leur existence loin de l’atelier. C'était il y a 10 ans. Cela me semble loin, et pourtant, cette redécouverte me rappelle que la création a une vie secrète. Elle se faufile dans les plis du temps, parfois en silence, jusqu’à refaire surface, là où on ne l’attendait plus. Merci à l'auteur de l'article pour cette mise en lumière inattendue ! Merci à ceux qui, sans le savoir parfois, font circuler la mémoire des choses transformées.

Comentários