Art durable : papier mâché et upcycling avec les enfants

En début d’année, j’ai été contactée par l’accueil de loisirs de Cambremer pour répondre à un appel à projet lancé par la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) : " La culture s'anime en Normandie ".

Pour le Centre, ce projet était aussi l’occasion idéale de faire découvrir aux enfants l’upcycling à travers la revalorisation des déchets et objets abandonnés. Ensemble, en nous appuyant sur le cahier des charges de la DRAC, nous avons imaginé une proposition mêlant art, histoire et écologie, autour du millénaire de la naissance de Guillaume le Conquérant. Cet appel à projet visait à faire découvrir aux enfants le processus de création, à rencontrer des artistes, à développer leur curiosité culturelle et leur esprit critique, tout en encourageant de nouvelles formes de médiation dans les structures éducatives.

C’est dans cette perspective que nous avions choisi d’explorer la tapisserie de Bayeux, et plus particulièrement les animaux représentés, pour en faire naître des créatures fantastiques à partir de matériaux de récupération.

La DRAC n’a pas retenu notre proposition. Loin de tuer le projet, ce refus a ouvert une autre voie : ni l’accueil de loisirs ni moi-même n’avons souhaité abandonner. Le projet a donc été revisité : des 60 heures initialement prévues, nous sommes passés à une version plus légère de 20 heures, avec un nouveau thème plus ludique mais tout aussi engagé : « Les insectes géants en vacances ».

Il s’agit toujours de réemployer les déchets : transformer, détourner, réinventer ce qui est jeté, oublié, abandonné. C’est l’essence même de ma pratique artistique depuis plus de 30 ans : faire parler les objets que d’autres ne regardent plus.

Je remercie chaleureusement l’équipe de l’accueil de loisirs, et tout particulièrement les responsables, Emma Cassé et Sonia-Améthyste Trinquart, de m’avoir fait confiance pour ce projet. Travailler avec des enfants de moins de douze ans autour de ces enjeux, ce n'est que du bonheur !!! Ce qui me touche particulièrement, c’est qu’ils s’emparent de ces sujets avec une sincérité totale et une facilité déconcertante. Avec les enfants, l’écologie n’est pas un élément de communication ni une ligne de programme : c’est une manière d’être, immédiate et sans détour.Ils comprennent d’instinct ce que signifie transformer, réutiliser plutôt que jeter, donner une nouvelle vie à ce qui semble inutile. Leur spontanéité, leur absence de posture, leur curiosité, tout cela rend ce projet incroyablement vivant. Et franchement, c’est très rafraîchissant.

Les enfants apprennent à revaloriser les déchet avec l'Upcycling

À leurs côtés, ce travail que je mène depuis des années retrouve une intensité nouvelle.

Ils créent parce que ça les amuse, parce que ça les interroge, parce que ça fait sens ! Pas besoin de stratégie ni de vocabulaire savant : l’essentiel est déjà là.

Pendant ces cinq dernières années, mon activité artistique s’était progressivement effacée au profit d’un engagement bénévole dans la communication du village, où je suis installée. Je suis vraiment heureuse de me recentrer aujourd’hui, à travers la création et la transmission, en renouant avec un lien plus juste et plus aligné avec ce que je suis.

J’espère profondément que cette expérience en appellera d’autres, et qu’elle donnera envie de développer de nouvelles initiatives artistiques avec les enfants... ou avec les adultes qui ont su garder leur capacité d’émerveillement. Pourvu que cela soit fait avec la même sincérité.

Créer, c’est aussi prendre soin : de la matière, des idées, et de celles et ceux qui nous entourent. De nous. Et à hauteur d’enfant, ce geste redevient aussi simple et essentiel qu’il devrait toujours l’être.

Upcycling - Papier mâché - Art durable