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Les bas-reliefs de Hauteville, à Lisieux

Dernière mise à jour : il y a 1 jour

Il y a des jours où l’on est fier de ses rencontres …

Force est de reconnaître qu’on en fait parfois de très jolies sur les réseaux sociaux. Je ne clamerai certainement pas que je « connais » Christian Raimbault à proprement parler, mais j’échange avec lui de manière plus ou moins régulière depuis quelques années. J’adore sa verve caustique, lucide (je souris). J’aime l’intransigeance de son regard. Je ne sais plus lequel de nous deux a commencé à suivre l’autre. Et peu importe. Au fil des échanges épistolaires, j’avais fini par le rencontrer lors d’une exposition où il était invité d’honneur. Et puis, enfin, j’ai découvert son atelier ! Car Christian Raimbault (clic ! ) est artiste peintre !

Installé à Lisieux, il est un artiste rare et surtout, c’est un véritable artiste (tant pis pour ceux qui le prendraient mal). Il a eu plusieurs vies et j’ai l’impression que bien d’autres sont à venir encore. Entier, passionné, curieux de tout, c’est un artiste engagé, porté par son amour de l’art, la mémoire des lieux et l’histoire de son territoire. Il consacre, en plus de la peinture, une partie de son énergie à préserver les bas-reliefs du quartier de Hauteville : un ensemble de sculptures murales réalisées entre 1966 et 1977 par Claude et Marie-Madeleine Gruer.


Ces œuvres, incrustées dans les façades de briques rouges d’un quartier moderniste, étaient nées de la volonté d’embellir le quotidien de ce quartier populaire. L’architecte Georges Duval avait imaginé un lieu où le béton cohabiterait avec l’art et la nature.


Les années ont passé. Le quartier a changé. Les regards se sont détournés.Le temps, les intempéries, l’oubli (l’inculture aussi, peut-être ?) ont fragilisé ce patrimoine singulier. Plusieurs de ces bas-reliefs sont aujourd’hui en péril. Certains sont dissimulés, d’autres détruits, sans que leur valeur artistique ait été reconnue, et sans inventaire préalable.


Christian Raimbault veut rappeler combien ces œuvres ne sont pas de simples ornements, mais un véritable patrimoine artistique contemporain. Avec la patience d’un artisan et la rigueur d’un chercheur, il a consacré une étude illustrée à ces œuvres méconnues : Les bas-reliefs de Lisieux de Claude Gruer. Ce livre d’une cinquantaine de pages documente ces fresques murales, leur histoire, leur esthétique, et leur importance dans le tissu urbain local. Richement illustré, il ne se contente pas d’être un recueil visuel : c’est un manifeste pour la reconnaissance de l’art populaire du XXe siècle.

Attention, il ne s’agit pas ici d’un produit calibré pour l’édition ou les vitrines des grandes librairies : c’est une œuvre en soi ! Authentique, comme son auteur, et traversée d’une sincérité qui force le respect. Ce livre est le fruit d’un travail de terrain, long, personnel, sans soutien institutionnel (si j’ai bien compris). On y sent l’urgence de transmettre, de garder trace avant que l’effacement ne soit total.


Et ce qui, selon moi, fait la valeur réelle de cet ouvrage, c’est qu’au-delà des images et des dates, on y trouve un acte de résistance poétique et patrimoniale.


Ce matin-là, dans son atelier, j’ai découvert un homme drôle, généreux, un peintre inspiré, un passionné d’histoire locale, un témoin engagé.Ses tableaux parlent de nature, de matières, de lumières. Il m’a parlé de technique, d’outils, de rythme … Et je suis repartie avec bien plus qu’un livre : un élan.

En me disant qu’il y a des jours, oui, on est fier de ses rencontres …


Ne vous méprenez pas : ce billet n’est pas un panégyrique. C’est une simple reconnaissance pour un travail précieux, humble et nécessaire. Car des artistes comme Christian Raimbault nous rappellent que l’art ne vit pas seulement dans les musées, les galeries ou les expositions.L’art est aussi dans les murs, dans les regards, dans les silences des quartiers populaires.


Et parfois, dans un simple bas-relief polychrome en argile réfractaire cuite, vieux de cinquante ans, il y a tout un monde qui attend qu’on le regarde à nouveau.

Sur la chaîne YouTube de Christian Raimbault, on découvre également ses vidéos de sensibilisation. (PS : Chaque exemplaire du livre est unique, mis à jour au moment de la commande. Collector, vous dis-je ! )




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