Cinquante fois par jour, on me pose la question. Ca fait trente ans que ça dure … Il me semble qu’il est enfin temps pour moi de lever le voile sur ce mystère. J’ai beau avoir une bonne grosse dentition, bien saine, je déçois aussi souvent que la question m’est posée et je vais le faire une fois pour toutes ici : NON, je ne mâche pas le papier avec mes dents. Je vous explique (en tous les cas : j’essaie) :
Exposition à “La grange aux Dîmes de Cambremer” en 2017
Le papier mâché, c’est quoi ? Le papier mâché, c’est un matériau de construction composé de nombreuses (au moins quinze) couches de papier, elles mêmes réalisées à partir de morceaux de papier déchirés, qui sont assemblées par une colle (genre colle à papiers peints). Lorsque la colle sèche, l’objet formé durcit, devient très résistant et garde la forme donnée. Le terme de papier mâché s’applique à l’action de déchirer, voire déchiqueter le papier pour en faire une préparation. C’est tout. Rien à voir avec mes dents. C’est décevant, n’est-ce pas ?
Belle de nuit – 2014
Son origine : Le papier mâché prend son origine en Asie vers le 8 ème siècle. A cette époque, le papier est essentiel pour former les moules qui servent ensuite de base pour les laques. On crée ainsi des casques guerriers par exemple. Il s’agit à ce moment là d’une pâte faite d’un mélange de fibres, que l’on moule ou que l’on sculpte. Puis, de Samarcande en Ouzbékistan, l’invention se propage vers le Maroc, via Damas, remonte par l’Espagne, la France et l’Allemagne puis, vers la fin du 10 ème siècle, le papier a remplacé le papyrus. Au 17ème siècle, la France et l’Angleterre importent encore des pièces ouvrées en provenance d’Extrême-Orient, de Chine ou du Japon. Ce n’est qu’au 18 ème siècle que la France produit à son tour des produits manufacturés tels que des boîtes ou des tabatières ainsi que des décors architecturaux comme les moulures et les bas-reliefs. En 1719, le naturaliste et physicien René Antoine Ferchault de Réaumur découvre le secret de fabrication du papier dont la fibre de bois devient l’ingrédient principal. En étudiant le travail de la guêpe cartonnière (bin oui 🙄), il constate qu’elle mastique des débris de bois, les imprégnant de salive avant de les étaler sur le nid pour faire une sorte de revêtement papier. En 1772 Le britannique Henry Clay* améliore encore la technique et obtient un brevet pour “son” papier mâché, plus solide, qui désormais résiste à la chaleur et remplace aisément le bois et le métal. Cette technique consiste à produire des panneaux stratifiés constitués de feuilles de papier collées plutôt que de la pâte à papier. Ces panneaux sont ensuite imperméabilisés avec de l’huile de lin avant de sécher. La méthode est employée sur les toits ou les portes de carrosses qui sont ensuite recouverts d’épais vernis. *(By the way : clay = argile, en anglais. Interesting, non ? ) Cette invention ouvre alors la porte à la mode japonisante dès le 19 ème siècle. A cette époque, on incruste toute sorte de décoration comme des écailles de tortue, de l’ivoire ou des pierres précieuses. C’est à ce moment que le papier mâché connait ses heures de gloire en Europe et en Amérique du nord et les meubles en papier mâché sont très appréciés dans les années 1840 à 1880 en France, mais aussi en Amérique et surtout en Angleterre.
Vincent – 2016
Plus récemment, l’idée de recycler le papier s’est surtout développée depuis les années 1970. L’intérêt pour le recyclage de manière générale se propage souvent lors de crises ( la famine, la guerre, crise économique, baisses des ressources naturelles… ). C’est à ce moment que les déchets sont revalorisés par conviction ou par la force des choses. Le papier à une force créative incroyable en lui. Et le papier mâché n’est pas réservé qu’aux séances bricolage de nos chérubins. Début 90, j’ai découvert ce matériau (je ne sais pas si ça compte mais j’étais en crise avec moi-même). Depuis, il est le prolongement de moi-même. Aujourd’hui, il est intéressant de garder différents types de papier afin d’en faire du papier mâché : papier journal, papier de soie, boites à œufs …
Georgio – 2012
Merci pour ces infos belle Véro
Bonne continuation
Sabine 😊